Le Collectif

Origine du collectif

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L'idée du décompte des féminicides est née en janvier 2016, sous la forme d'un blog, impulsé par plusieurs militantes abolitionnistes en lutte contre le système prostitueur. Ce blog était tenu principalement par "Diké", un surnom pour préserver son anonymat. Face au nombre de signalements de féminicides et sa propre situation personnelle, celle-ci a stoppé le décompte sur son blog. 

 

En juillet de la même année, des militantes qui contribuaient au blog ont repris toutes les publications et ont créé une page Facebook baptisée Féminicides par compagnons ou ex. 
Derrière cet intitulé, un fléau encore trop peu pris en compte par les autorités comme par les médias. Nous déplorions à ce moment là, et encore aujourd'hui, que les meurtres de femmes finissent le plus souvent dans la rubrique des faits divers, dans la colonne "drame passionnel" ou sous un titre du type "Une dispute qui finit mal". 

C'est donc sous couvert d'anonymat et avec une détermination sans faille que nous dénonçons la réalité d'un phénomène : celui des meurtres de femmes parce qu'elles sont des femmes.

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Nous étions d'abord 3 militantes en 2016, puis 4 en 2017 avant que le chiffre ne retombe à 3. C'est en effet un travail particulièrement long et éprouvant psychologiquement de faire cette revue de presse morbide quotidienne, de poursuivre ce travail difficile, sans cesse, au bord de la nausée. De plus, nous recevons régulièrement des menaces, en premier lieu venant des familles ou des proches des meurtriers. 

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Depuis 2019, nous sommes 4 bénévoles, anciennes victimes et militantes de la première heure, soudées et plus que jamais engagées. Il y a également des internautes qui proposent de nous aider, également bénévolement, que l'on intègre dans un fil" collectif de veille" qui a parfois atteint jusqu'à 15 personnes. Malheureusement, beaucoup se découragent rapidement face à l'ampleur de la tâche et la violence insoutenable de ces crimes.

La raison de notre anonymat s'explique par le fait que nous recevons des menaces,  comme indiqué précédemment, mais également des pressions et du harcèlement de la part de certains groupes hostiles à notre cause. Par ailleurs dès le départ, notre travail a fait l’objet de nombreuses remarques : remise en cause du terme « féminicide », demande de compter « les hommes aussi » car ils seraient également victimes de femmes, demande de compter les femmes prostituées, demande de compter les enfants car ils sont aussi victimes des violences conjugales (et c’est vrai), demande de supprimer de notre décompte les femmes âgées tuées par leur mari sous prétexte de « suicide altruiste » (cf les décomptes de Libération ou de l'AFP, qui se lancent alors dans un comptage nettoyeur de victimes et tentent de nous décrédibiliser même auprès du gouvernement.)

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Objectifs de notre collectif

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C'est sous couvert d'anonymat et avec une détermination sans faille que nous dénonçons la réalité d'un phénomène : celui des meurtres de femmes parce qu'elles sont des femmes. Nous avions choisi comme angle de travail le féminicide conjugal, c'est-à-dire le meurtre d'une femme par un compagnon ou un ex. En France mais aussi dans le monde, une majorité des féminicides sont commis par un (ex) partenaire intime. L'endroit le plus dangereux pour une femme est sa propre maison. 

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Notre décompte a aussi pour objectif de comparer nos données avec les chiffres annoncés tous les ans par le Ministère de l'Intérieur dans son rapport sur les "morts violentes au sein du couple", publié six mois après le début de l'année suivante. Comment visibiliser et agir contre un phénomène s'il n'est pas mis en lumière quotidiennement ? Dire une fois par an qu'"une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint" peut donner le sentiment d'une fatalité, comme les accidents de voiture ou les catastrophes naturelles.

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Les féminicides conjugaux sont des crimes perpétrés par des hommes qui pensent, comme au Moyen-Age, que femmes et enfants sont leur propriété. Ces crimes sont systémiques, leur origine se trouve au coeur de notre société: C'est l'idéologie patriarcale perpétuée par une éducation machiste, autorisant les hommes à dominer et chosifier les femmes et leurs enfants. Ce sont des crimes de possession : un homme s'octroie un droit de vie et de mort sur sa compagne et ses enfants.

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Ces féminicides par conjoints ou ex, ont lieu à tout âge, partout, et dans toutes les catégories sociales.

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Enfin, nous accompagnons les familles lorsqu'elles nous contactent via les réseaux pour trouver soutien et conseils. Ainsi, nous avons fédéré et aidé des familles de victimes à créer en 2019 l'Union Nationale des Familles de Féminicide. 

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